• Ces derniers jours, j’ai mis sur ce blog des chansons de Georges Brassens que j’estimais – à tort ou à raison - peu connues.

    Aujourd’hui c'est autre chose. Il s’agit d’un poème d’Alphonse de Lamartine, que je trouve adapté au changement de saison. Ce texte étant beaucoup trop long pour une chanson, Brassens n’en chante qu’un extrait.

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    Pensée des morts

    Voilà les feuilles sans sève / Qui tombent sur le gazon, / Voilà le vent qui s'élève / Et gémit dans le vallon, / Voilà l'errante hirondelle / Qui rase du bout de l'aile / L'eau dormante des marais, / Voilà l'enfant des chaumières / Qui glane sur les bruyères / Le bois tombé des forêts.

    C'est la saison où tout tombe / Aux coups redoublés des vents ; / Un vent qui vient de la tombe / Moissonne aussi les vivants : / Ils tombent alors par mille, / Comme la plume inutile / Que l'aigle abandonne aux airs, / Lorsque des plumes nouvelles / Viennent réchauffer ses ailes / A l'approche des hivers.

    C'est alors que ma paupière / Vous vit pâlir et mourir, / Tendres fruits qu'à la lumière / Dieu n'a pas laissé mûrir ! / Quoique jeune sur la terre, / Je suis déjà solitaire / Parmi ceux de ma saison, / Et quand je dis en moi-même : / Où sont ceux que ton cœur aime ? / Je regarde le gazon.

    C'est un ami de l'enfance, / Qu'aux jours sombres du malheur / Nous prêta la Providence / Pour appuyer notre cœur ; / Il n'est plus ; notre âme est veuve, / Il nous suit dans notre épreuve / Et nous dit avec pitié : / Ami, si ton âme est pleine, / De ta joie ou de ta peine / Qui portera la moitié ?

    C'est une jeune fiancée / Qui, le front ceint du bandeau, / N'emporta qu'une pensée / De sa jeunesse au tombeau ; / Triste, hélas ! dans le ciel même, / Pour revoir celui qu'elle aime / Elle revient sur ses pas, / Et lui dit : Ma tombe est verte ! / Sur cette terre déserte / Qu'attends-tu ? Je n'y suis pas !

    C'est l'ombre pâle d'un père / Qui mourut en nous nommant ; / C'est une sœur, c'est un frère, / Qui nous devance un moment ; / Tous ceux enfin dont la vie / Un jour ou l'autre ravie, / Emporte une part de nous / Murmurent sous la pierre / "Vous qui voyez la lumière / De nous vous souvenez vous?".

    Voilà les feuilles sans sève / Qui tombent sur le gazon, / Voilà le vent qui s'élève / Et gémit dans le vallon, / Voilà l'errante hirondelle / Qui rase du bout de l'aile / L'eau dormante des marais, / Voilà l'enfant des chaumières / Qui glane sur les bruyères / Le bois tombé des forêts.

    Pour lire le poème en entier : clic ici

     

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  • Parmi les chansons les moins connues de Brassens on peut sans doute classer "Lèche-cocu".

    La présentation de la vidéo n'est pas fameuse mais je n'ai pas trouvé mieux, par ailleurs, elle est introuvable sur deezer.

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    Comme il chouchoutait les maris, / Qu'il les couvrait de flatteries, / Quand il en pinçait pour leurs femmes / Qu'il avait des cornes au cul, / On l'appelait lèche-cocu. / Oyez tous son histoire infâme.

    Si le mari faisait du bateau, / Il lui parlait de tirant d'eau, / De voiles, de mats de misaine, / De yacht, de brick et de steamer, / Lui, qui souffrait du mal de mer / En passant les ponts de la Seine.

    Si l'homme était un peu bigot, / Lui qui sentait fort le fagot, / Criblait le ciel de patenôtres, / Communiait à grand fracas, / Retirant même en certains cas / Le pain bénit de la bouche d'un autre.

    Si l'homme était sergent de ville, / En sautoir - mon Dieu, que c'est vil - / Il portait un flic en peluche, / Lui qui, sans ménager sa voix, / Criait "Mort aux vaches" autrefois, / Même atteint de la coqueluche.

    Si l'homme était un militant, / Il prenait sa carte à l'instant / Pour bien se mettre dans sa manche, / Biffant ses propres graffiti / Du vendredi, le samedi / Ceux du samedi, le dimanche.

    Et si l'homme était dans l'armée, / Il entonnait pour le charmer / "Sambre-et-Meuse" et tout le folklore, / Lui, le pacifiste bêlant / Lui fabriquait des cerfs-volants / Avec le drapeau tricolore.

    Eh bien, ce malheureux tocard / Faisait tout ça vainement, car / Étant comme cul et chemise / Avec les maris, il ne put / Jamais parvenir à son but: / Toucher à la fesse promise.

    Ravis, ces messieurs talonnaient / Le bougre qui les flagornait / A la ville, comme à la campagne, / Ne lui laissant pas l'occasion / De se trouver, quelle dérision, / Seul à seul avec leurs compagnes.

    Et nous, copains, cousins, voisins, / Profitant (on n'est pas des saints) / De ce que ces deux imbéciles / Se passaient rhubarbe et séné, / On se partageait leur dulcinée / Qui se laissait faire docile.

    Et, tandis que lèche-cocu / Se prosternait cornes au cul / Devant ses éventuelles victimes, / Par surcroît, l'on couchait aussi - / La morale était sauve ainsi - / Avec sa femme légitime.

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  • Une autre chanson qui, à ma connaissance, n’a jamais été enregistrée par Georges Brassens.

    Si seulement elle était jolie / Je dirais: "tout n'est pas perdu. / Elle est folle, c'est entendu, / Mais quelle beauté accomplie!" / Hélas elle est plus laide bientôt / Que les sept péchés capitaux.(bis)

    Si seulement elle avait des formes, / Je dirais: "tout n'est pas perdu, / Elle est moche c'est entendu, / Mais c'est Venus copie conforme." / Malheureusement, c'est désolant, / C'est le vrai squelette ambulant.(bis)

    Si seulement elle était gentille, / Je dirais: "tout n'est pas perdu, / Elle est plate c'est entendu, / Mais c'est la meilleure des filles." / Malheureusement c'est un chameau, / Un succube, tranchons le mot.(bis)

    Si elle était intelligente, / Je dirais: "tout n'est pas perdu, / Elle est vache, c'est entendu, / Mais c'est une femme savante." / Malheureusement elle est très bête / Et tout à fait analphabète.(bis)

    Si seulement l'était cuisinière, / Je dirais: "tout n'est pas perdu, / Elle est sotte, c'est entendu, / Mais quelle artiste culinaire !" / Malheureusement sa chère m'a / Pour toujours gâté l'estomac.(bis)

    Si seulement elle était fidèle, / Je dirais :"tout n'est pas perdu, / Elle m'empoisonne, c'est entendu, / Mais c'est une épouse modèle." / Malheureusement elle est, papa, / Folle d'un cul qu'elle n'a pas!(bis)

    Si seulement l'était moribonde, / Je dirais: "tout n'est pas perdu, / Elle me trompe c'est entendu, / Mais elle va quitter le monde." / Malheureusement jamais elle tousse: / Elle nous enterrera tous.(bis).

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    Pour continuer un peu dans la chanson, et notamment celles de Georges Brassens parmi les moins connues ou les moins écoutées, voici Corne d'Aurochs, qui n'en est pas moins belle pou autant.

    Georges Brassens avait fondé le "parti préhistorique". Le surnom de son ami Emile Miramont était Corne d'Aurochs, les autres dans le même style. Après 2 ou 3 ans de galère partagée avec la bande, Corne d'Aurochs s'est marié, a trouvé un travail stable... d'où la chanson (gentiment) vengeresse.

    Il avait nom corne d'Aurochs, au gué, au gué / Tout l'mond' peut pas s'app'ler Durand, au gué, au gué

    En le regardant avec un œil de poète / On aurait pu croire à son frontal de prophète / Qu'il avait les grand's eaux de Versailles dans la tête / Corne d'Aurochs

    Mais que le bon dieu lui pardonne, au gué, au gué / C'étaient celles du robinet, au gué, au gué

    On aurait pu croire en l'voyant penché sur l'onde / Qu'il se plongeait dans des méditations profondes / Sur l'aspect fugitif des choses de ce monde / Corne d'Aurochs

    C'étaient hélas pour s'assurer, au gué, au gué / Qu' le vent n'l'avait pas décoiffé, au gué, au gué

    Il proclamait à son de trompe à tous les carrefours / "Il n'y a qu'les imbéciles qui sachent bien faire l'amour / La virtuosité c'est une affaire de balourds!" / Corne d'Aurochs

    Il potassait à la chandelle, au gué, au gué / Des traités de maintien sexuel, au gué, au gué / Et sur les femm's nues des musées, au gué, au gué / Faisait l'brouillon de ses baisers, au gué, au gué

    Et bientôt petit à petit, au gué, au gué / On a tout su, tout su de lui, au gué, au gué

    On a su qu'il était enfant de la Patrie / Qu'il était incapable de risquer sa vie / Pour cueillir un myosotis à une fille / Corne d'Aurochs

    Qu'il avait un p'tit cousin, au gué, au gué / Haut placé chez les argousins, au gué, au gué / Et que les jours de pénurie, au gué, au gué / Il prenait ses repas chez lui, au gué, au gué

    C'est même en revenant d'chez cet antipathique / Qu'il tomba victime d'une indigestion critique / Et refusa l'secours de la thérapeutique / Corne d'Aurochs

    Parce que c'était un All'mand, au gué, au gué / Qu'on devait le médicament, au gué, au gué

    Il rendit comme il put son âme machinale / Et sa vie n'ayant pas été originale / L'Etat lui fit des funérailles nationales / Corne d'Aurochs

    Alors sa veuve en gémissant, au gué, au gué / Coucha avec son remplaçant, au gué, au gué

     

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  • Je sais que les puristes préfèrent écouter du Brassens chanté par Brassens. Moi aussi, (bien que, à mon avis, Maxime Le Forestier soit un bon interprète pour quelques-unes). Cependant, je n’ai pas pu trouver cette chanson interprétée par l’auteur lui-même, il s’agit de l’album intitulé : « Les dernières chansons de Brassens » interprétées par Jean Bertola ; et si mon information est exacte, Brassens ne les a jamais enregistrées.

    Il s’agit ici de « l’andropause », dont le texte est riche et clair !

     

     L’andropause

     Aux quatre coins de France, émanant je suppose / De maris rancuniers par la haine conduits, / Le bruit court que j'atteins l'heure de l'andropause, / Qu'il ne faut plus compter sur moi dans le déduit.

    O n'insultez jamais une verge qui tombe ! / Ce n'est pas leur principe, ils crient sur tous les tons / Que l'une de mes deux est déjà dans la tombe / Et que l'autre à son tour file un mauvais coton.

    Tous ces empanachés bêtement se figurent / Qu'un membre de ma famille est à jamais perclus, / Que le fameux cochon, le pourceau d'Epicure / Qui sommeillait en moi ne s'éveillera plus.

    Ils me croient interdit de séjour à Cythère, / Et, par les nuits sans lune avec jubilation, / Ils gravent sur mon mur en style lapidaire:"Ici loge un vieux bouc qui n'a plus d'érections"!

    Ils sont prématurés, tous ces cris de victoire, / O vous qui me plantez la corne dans le dos, / Sachez que vous avez vendu les génitoires, / Révérence parler, de l'ours un peu trop tôt.

    Je n'ai pas pour autant besoin de mandragore, / Et vos femmes, messieurs, que ces jours-ci j'ai reçues, / Que pas plus tard qu'hier je contentais encore, / Si je n'ai plus d'érections, s'en fussent aperçu.

    A l'hôpital Saint-Louis, l'autre jour, ma parole, / Le carabin m'a dit: "On ne peut s'y tromper, / En un mot comme en cent, monsieur, c'est la vérole." / Si je n'ai plus d'érections, comment l'ai-je attrapée?

    Mon plus proche voisin n'aime que sa légitime, / Laquelle, épouse modèle, n'a que moi pour amant. / Or tous deux de la vérole, ils sont tombés victimes. / Si je n'ai plus d'érections, expliquez-moi comment?

    Mes copains, mon bassiste et tous ceux de la troupe / En souffrirent bientôt, nul n'en fut préservé. / Or je fus le premier à l'avoir dans le groupe. / Si je n'ai plus d'érections, comment est-ce arrivé?

    Minotaures méchants, croyez-vous donc qu'à braire / Que mon train de plaisir arrive au terminus, / Vous me cassiez mes coups. Au contraire, au contraire, / Je n'ai jamais autant sacrifié à Vénus!

    Tenant à s'assurer si ces bruits qu'on colporte, / Ces potins alarmants sont ou sont pas fondés, / Ces dames nuit et jour font la queue à ma porte, / Poussées par le démon de la curiosité.

    Et jamais, non jamais, soit dit sans arrogance, / Mon commerce charnel ne fut plus florissant. / Et vous, pauvres de vous, par voie de conséquence / Vous ne fûtes jamais plus cocus qu'à présent.

    Certes, elle sonnera cette heure fatidique, / Où perdant toutes mes facultés génétiques / Je serai sans émoi, / Où le septième ciel - ma plus chère ballade, / Ma plus douce grimpette et plus tendre escalade, - / Sera trop haut pour moi.

    Il n'y aura pas de pleurs dans les gentilhommières, / Ni de grincements de fesses dans les chaumières, / Faut pas que je me leurre. / Peu de chances qu'on voit mes belles odalisques / Déposer en grand deuil au pied de l'obélisque / Quelques gerbes de fleurs.

    Tout au plus gentiment diront-elles "Peuchère, / Le vieux Priape est mort", et, la cuisse légère, / Le regard alangui, / Elles s'en iront vous rouler dans la farine / De safran, tempérer leur fureur utérine / Avec n'importe qui.

    Et vous regretterez les manières civiles / De votre ancien rival qui, dans son baise-en-ville, / Apportait sa guitare, / Et faisait voltiger en gratouillant les cordes / Des notes de musique à l'entour de vos cornes, / Mais il sera trop tard!

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  • L’amour est passé près de vous

    Le Fiacre

     

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    Un texte qui met bien en exergue la difficulté qu’il y a parfois à exercer un métier, dont les contraintes ou la philosophie ne satisfont pas la conscience, mais nécessité oblige !

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    Tu as vu Baptiste, lorsque les choses ne sont pas préparées à l'avance, rien ne marche comme on le voudrait !

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  • Dis-donc Baptiste, il y en a d'un peu osées, non ?

    Je ne crois pas,  quoi qu'il en soit ce n'est pas moi qui les chante.

    Et elles sont toutes bien interprétées.

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